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            La semaine dernière, nous entendions les apôtres demander au Seigneur : « Augmente en nous la foi », et aujourd’hui, la suite de l’évangile de Luc nous donne un exemple de foi en acte, dans ce groupe si pathétique des 10 lépreux. Même si l’un d’eux se singularise, tous ont la foi, celle qui permet les miracles. À cause de leur respect de la Loi, ils restent à distance et doivent ainsi élever la voix, mais leur cri jaillit vraiment du cœur. « Jésus, maître, prends pitié de nous. » Cœur de disciples déjà, qui reconnaissent en Jésus leur « maître ». Cœur d’hommes défigurés, marginalisés, exténués par la mendicité, humiliés, mais pleins d’espérance. Le cœur de Jésus est touché : c’est « à cette vue », en les considérant si pitoyables, qu’il les exauce. En effet, leur demander d’aller se montrer aux prêtres, c’est leur promettre la guérison, qu’il revenait aux prêtres de constater (tout comme la maladie), en vue de la réintégration des lépreux purifiés dans la société (cf. Lv 14). Mais cette promesse, à laquelle ils se fient, met à l’épreuve leur foi. Jésus agit ici comme jadis le prophète Élisée avec Naaman le Syrien ; il en coûta à la fierté de ce dernier de devoir se baigner 7 fois dans le Jourdain, mais, écoutant ses serviteurs, il obéit et fut purifié de sa lèpre. À la foi de nos 10 lépreux, partis claudicant vers le Temple, répond la grâce du miracle. Notons qu’il est à peine mentionné : « En cours de route, ils furent purifiés. » C’est qu’il est fait, non pour susciter des mouvements de foules enthousiastes, dont Jésus se méfie, mais pour faire naître, au cœur de l’homme, la question essentielle : qui est Jésus ?

          Nous pouvons penser que, jetant leurs cannes en l’air, les 9 lépreux sont allés jusqu’au Temple « rendre gloire à Dieu ». Leur compagnon Samaritain vit une expérience différente. « Qui est ce Jésus qui m’a guéri ? Ne serait-il pas le Messie promis au peuple juif ? » Son émotion est telle qu’il glorifie Dieu « à pleine voix » et revient sur ses pas. Il donne alors la preuve que sa foi, pour reprendre le mot des Apôtres, s’est « augmentée », car il reconnaît Dieu en Jésus. Il se prosterne jusqu’à terre devant lui, et lui « rend grâce ». Or, rendre grâce, faire eucharistie, est un acte liturgique réservé à Dieu seul. Ici, cas unique dans l’évangile, il est destiné à Jésus. Souvenons-nous de notre lépreux Samaritain lors de nos prosternations quotidiennes au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ! Nous redisons alors avec notre corps ce que cet homme a confessé.


          À cet acte de foi « augmentée », foi en la divinité de Jésus, ce dernier répond par le don du salut. Le miracle physique a ouvert la voie à bien plus grand : le salut par la foi. À la fin de l’évangile de Luc, un autre pauvre appellera Jésus par son seul prénom : celui que nous nommons le bon larron, qui ne demandera, lui aussi, que la pitié du Christ en croix. Or, à son acte de foi, Jésus répondra par un don incommensurable, celui de la vie éternelle. Telle est la générosité infinie de notre Sauveur, qui ne se laisse limiter par aucun mérite, mais s’empare de la moindre semence pour en faire un bel arbre.


          « Relève-toi et va » : ces simples mots disent beaucoup. L’homme humilié par la maladie et le rejet, déjà relevé par la compassion du Christ qui l’a guéri, s’est néanmoins prosterné en signe d’humilité devant son Dieu. Mais la gloire de Dieu, c’est notre vie, notre vie d’hommes et de femmes dignes et debout, comme nous y configurera la résurrection que nous professons et attendons. Relevé, l’homme doit « aller ». « Va ». Deux lettres, en français, c’est peu, et c’est beaucoup. C’est une habitude de Jésus de faire des miraculés, non des fans qu’il garderait sous sa coupe, mais des envoyés ; ainsi du possédé de Gérasa (Mc 5,19), invité à témoigner « de tout ce que le Seigneur a fait dans sa miséricorde », ou même de Lazare relevé d’entre les morts : « Déliez-le et laissez-le aller » (Jn 11,44). L’homme sauvé par son créateur, libéré de toute maladie et, finalement, du péché et de la mort, devient cet être libre, libre d’aller. Le lépreux sans domicile fixe errait sur les routes. Il a rencontré Jésus qui marche vers Jérusalem. Il n’est plus un pauvre homme désorienté, qui tâtonne dans l’obscurité de la peur et du rejet. Il se trouve placé sur ce que Luc, dans les Actes des apôtres, appellera « la Voie » (Ac 9,2) : la vie chrétienne, compagnonnage avec le Christ qui nous associe à son chemin de croix et à sa vie nouvelle de ressuscité. Tout au long de ce chemin, tout au long de notre vie, redisons avec nos frères orientaux, héritiers de la foi des lépreux : « Jésus, Fils du Dieu vivant, aie pitié de moi pécheur. » Et sachons revenir sur nos pas pour rendre gloire à Dieu, qui se donne sans compter.


                

                                    Frère Guillaume

Vingt-huitième dimanche du temps ordinaire

(2 R 5, 14-17 ; Ps 94 ; 2 Tm 2, 8-13. 13-14 ; Lc 17, 11-19)

  

Homélie du vingt-huitième dimanche du temps ordinaire

9 octobre 2022

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