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                        N’assimilons pas les paroles de Jésus que nous venons d’entendre à une simple leçon de savoir-vivre ensemble. Elles sont bien plus que cela, car elles se situent dans le chapitre 6 de l’évangile de saint Luc où Jésus édicte la loi nouvelle en commençant par prononcer les béatitudes.

Ce que Jésus veut souligner ici, c’est que toute relation humaine ne peut se réduire à ceux qui la vivent. Dieu y a toujours sa part et cette présence de Dieu fait éclater le cadre étroit de nos comportements. Notre relation aux autres ne prend tout son sens que si si nous la plaçons sous la lumière de ce que Jésus nous en enseigne.


          En effet, nous sommes prompts à nous plaindre du mal subi, à reprocher aux autres de ne pas nous apprécier à notre juste valeur, mais quelle attention prêtons-nous au Maître de la vie, à Celui qui nous donne la croissance et l’être ? Nous agissons bien souvent comme si nous étions le centre du monde, comme si tout nous était dû, comme si tout le mal que nous proférons en paroles ou que nous infligeons aux autres n’avaient pas d’importance.


          En nous recommandant d’examiner notre propre façon de voir les êtres à la lumière de son enseignement, Jésus nous place en face de nos propres contradictions : en effet, nous passons notre temps à demander à Dieu qu’il nous bénisse, nous approuve dans nos choix et dans nos jugements, à exiger qu’il nous aime, alors que nous l’ignorons quand nous considérons notre prochain, et que nous sommes incapables de juger notre conduite à la lumière de ce que les autres peuvent et doivent attendre de nous : un peu d’oubli de nous-même, beaucoup d’amour et de compassion.


          Reconnaissons-le : si nous croyons en Dieu, si nous avons fait du Christ notre maître et notre frère, c’est parce que tous, nous avons rencontré des êtres lumineux qui témoignaient de sa présence. Des êtres bienveillants dont le regard nous exhausse toujours, des humbles, des pauvres qui ne cherchent pas à prendre mais à se donner, qui ne considèrent pas le fétu de nos fautes, mais qui, à l’instar de Jésus, sont toujours prêts à se donner. Oui, nous avons rencontré des disciples qui, bien formés, sont devenus des icônes du Maître. Pensons à eux.


          À la veille du Carême, entrons en nous-mêmes et demandons au Seigneur Jésus de nous déciller les yeux : sommes-nous prompts à accueillir et à donner sans esprit de retour ? Sommes-nous intensément désireux de contempler notre Maître pour lui ressembler, lui qui n’a jugé personne ? En un mot, plaçons-nous toutes nos relations sous la lumière de l’enseignement de Jésus ? Cela suppose une seule chose : prendre du temps en compagnie du Seigneur Jésus, avoir soif de se laisser transformer par sa Parole et d’être prêts à accomplir aussitôt ce que nous comprenons de son enseignement. L’esprit de Jésus est là pour nous assister dans ce retournement de notre être profond. Encore faut-il le prier.

   

Frère Bertrand

Huitième dimanche du temps ordinaire

(Si 27, 4-7 ; 1 Co 15,54-58 ; Lc Lc 6, 39-45)

Huitième dimanche du temps ordinaire

27 février 2022